Il fallait exactement ce type de « hilly stage » pour permettre à Ben Healy de réaliser sa recette favorite, qui consiste à prendre part à une échappée et à se lancer dans un long raid solitaire victorieux. C’est de cette façon qu’il s’était déjà imposé sur une étape du Giro en 2023, et sur le Tour du Pays Basque au mois d’avril dernier, juste avant de prendre la 3e place de Liège-Bastogne-Liège. Sur la route de Vire Normandie, il a bataillé pendant 90 kilomètres pour voir le groupe d’attaque qu’il a initié avec Quinn Simmons prendre le large. Avec la bénédiction des UAE Emirates XRG de Tadej Pogacar, qui ne s’opposait pas à voir le Maillot Jaune revenir sur les épaules de Mathieu Van der Poel, le groupe a pu progresser jusqu’à l’accélération décisive de Ben Healy. Une seule attaque lui a suffi, à 42 kilomètres de l’arrivée, pour lâcher ses compagnons de route et filer vers le premier succès de sa carrière sur le Tour. Il rejoint au palmarès de l’épreuve une dynastie de coureurs irlandais dans laquelle il a été précédé par le pionnier Seamus Eliott (1963), puis Martin Earley (1989), Sean Kelly (1978, 1980 x 2, 1981, 1982), Stephen Roche (1982, 1985, 1987), Dan Martin (2013, 2018) et Sam Bennett (2020 x 2). Au verdict de l’étape, c’est pour une seconde d’avance que Mathieu Van der POel prend la tête du classement général.
Van der Poel fait le sprint intermédiaire
179 coureurs se réunissent à Bayeux pour le départ de l’étape. En début de parcours, c’est la perspective d’un sprint intermédiaire extrêmement précoce, au km 22,2, qui pousse les formations Intermarché-Wanty et Lidl-Trek à réprimer les velléités d’attaque. A Villers-Bocage, la ligne est franchie en tête par Jonathan Milan, dans un match auquel Mathieu Van der Poel a aussi pris part. C’est aussi le point de départ d’une longue bataille pour la composition d’une échappée, le profil accidenté du parcours donnant des chances raisonnables de victoire à de solides attaquants. Ben Healy (EF Education-Easypost) et Quinn Simmons (Lidl-Trek) se déclarent d’emblée candidats, dans un premier temps condamnés par le peloton.
L’échappée se stabilise à 8 coureurs
Ils sont ensuite nombreux à tenter leur chance en vain comme Wout van Aert (Visma-Lease a Bike) et Pablo Castrillo (Movistar) par exemple. Malgré la difficulté à s’extraire de ce peloton à allure rapide (49,5 km dans la première heure !), un groupe de 5 coureurs se forme au km 57 avec Ben Healy (EF Education-Easypost), Quinn Simmons (Lidl-Trek), Mathieu Van der Poel (Alpecin-Deceuninck), Will Barta (Movistar), Harold Tejada (Astana), rejoints rapidement par Eddie Dunbar (Jayco-AlUla), puis au km 70 par Simon Yates (Visma-Lease a Bike) et Michael Storer (Tudor). Les contre-attaquants sont nombreux à tenter de les rejoindre, dont Valentin Madouas (Groupama-FDJ) et Mathieu Burgaudeau (TotalEnergies), mais la formation UAE Emirates XRG contrôle ces mouvements, puis accorde une relative liberté à l’échappée à partir du km 90.
Le coup de force d’Healy à 42 km du but
La progression est lente, mais l’échappée rentre tout de même dans les 50 derniers kilomètres avec un avantage de 3’30’’, toujours contrôlé par les équipiers de Pogacar. Parmi les huit hommes de tête, Ben Healy est le premier des audacieux à se lancer à l’offensive. Son unique accélération fait mouche à 42 km de l’arrivée et l’Irlandais n’a plus qu’à se contrer sur son effort pour achever son œuvre. Derrière lui, Quinn Simmons et Michael Storer se lancent en vain à sa poursuite, puis se partagent dans cet ordre les places restantes sur le podium du jour. Derrière, l’accélération des Visma-Lease a Bike rapproche suffisamment le groupe des favoris pour placer Tadej Pogacar en position de défendre son premier rang de la hiérarchie. Mais pour une seconde, MVDP se rhabille en jaune.
