Leur Bretagne à eux (V/V)

La Bretagne est à l’honneur sur le parcours du Tour de France 2021, avec un grand départ organisé à Brest et quatre étapes visitant les quatre départements de la région. Et bien que le record de 14 Bretons établi en 1958 soit hors d’atteinte, le peloton 2021 accueillera une petite dizaine de « régionaux du départ » qui vivront à coup sûr une séquence d’émotion et de fierté. Cinq d’entre eux racontent pour letour.fr leur Bretagne, des souvenirs d’enfance à leur rapport à la culture régionale… sans jamais s’éloigner très longtemps du vélo.
La série consacrée aux Bretons du peloton s’achève avec le témoignage de Warren Barguil, seul à avoir levé les bras sur le Tour de France, qui est plus est à deux reprises lors de l’édition 2017 sur laquelle il a aussi remporté le maillot à pois. Mais une victoire sur ses terres aurait une saveur particulière pour le Morbihannais, qui cultive lorsqu’il descend de vélo une réelle passion pour l’Océan.

Warren Barguil : « J’ai essayé de la quitter mais ça ne marche pas »

Né le 28 octobre 1991 à Hennebont (56)
Équipes successives : Bretagne-Schuller (2011), Argos-Shimano (2012-2013), Giant-Shimano (2014), Giant-Alpecin (2015-2016), Sunweb (2017), Fortuneo-Samsic (2018), Arkéa-Samsic (2019-2021)
Principaux résultats :
2009 : champion de France juniors, vainqueur du Tour du Morbihan juniors, 2e de la Classique des Alpes juniors
2010 : vainqueur du Grand Prix d’Auray
2011 : vainqueur d’étape sur le Tour de l’Avenir (5e du classement général), vainqueur du Grand Prix de Lanester
2012 : vainqueur du Tour de l’Avenir, vainqueur de l’Essor Basque, vainqueur d’étapes sur le Tour de Franche-Comté et le Tour des Pays de Savoie
2013 : double vainqueur d’étape sur la Vuelta
2016 : 3e du Tour de Suisse, 6e de Liège-Bastogne-Liège, 8e du Tour de Lombardie
2017 : double vainqueur d’étape sur le Tour de France (10e du classement général et maillot à pois), 8e de Paris-Nice
2019 : champion de France, 10e du Tour de France, 2e de l’Arctic Race of Norway
2020 : 4e de la Flèche Wallonne, 9e du Critérium du Dauphiné
2021 : 5e de la Flèche Wallonne
Palmarès Tour de France : 2015, 14e / 2016, 23e / 2017 : 10e / 2018, 17e / 2019 : 10e / 2020 : 14e

6 September 2013  68th Vuelta a Espana  Stage 13 : Valls - Castelldefels  1st : BARGUIL Warren (FRA) Argos - Shimano  Photo : Yuzuru SUNADA || 079908_0002  Espagne <motCle99> JOIE VICTOIRE ETAPE 13 VUELTA </motCle99>
6 September 2013 68th Vuelta a Espana Stage 13 : Valls - Castelldefels 1st : BARGUIL Warren (FRA) Argos - Shimano Photo : Yuzuru SUNADA || 079908_0002 Espagne <motCle99> JOIE VICTOIRE ETAPE 13 VUELTA </motCle99> © PRESSE SPORTS
barguil (warren) - (fra) - || 111619_0371  France <motCle99> ACTION AMBIANCE PUBLIC COMPETITION ETAPE DE MONTAGNE LEADER MONTAGNE PORTFOLIO ATTAQUE ETAPE 12 TDF2017 SUNWEB </motCle99>
barguil (warren) - (fra) - || 111619_0371 France <motCle99> ACTION AMBIANCE PUBLIC COMPETITION ETAPE DE MONTAGNE LEADER MONTAGNE PORTFOLIO ATTAQUE ETAPE 12 TDF2017 SUNWEB </motCle99> © PRESSE SPORTS
31 August 2020 107th Tour de France Stage 03 : Nice - Sisteron BARGUIL Warren (FRA) Arkea Samsic Photo : Yuzuru SUNADA || 134075_0048  France <motCle99> COMPETITION COVID ETAPE 03 ATTENTE AVANT DEPART TDF2020 </motCle99>
31 August 2020 107th Tour de France Stage 03 : Nice - Sisteron BARGUIL Warren (FRA) Arkea Samsic Photo : Yuzuru SUNADA || 134075_0048 France <motCle99> COMPETITION COVID ETAPE 03 ATTENTE AVANT DEPART TDF2020 </motCle99> © PRESSE SPORTS

Un coin de Bretagne
La région bretonne compte plusieurs représentants dans le peloton du Tour, mais Warren Barguil est le seul Morbihannais de la bande : « Ma ville c’est Lorient, puisque je suis né à Hennebont qui se trouve à une quinzaine de kilomètres et j’ai grandi pendant toute mon enfance dans le village d’Inzinzac ». C’est précisément au cœur de ce périmètre que le jeune Warren a découvert dans un premier temps le BMX, avant de se consacrer à la route en prenant sa première licence au club de Lanester. Et en suivant son parcours personnel et professionnel, on réalise avec une grande netteté ce que signifie pour lui l’ancrage dans son territoire. « J’ai passé un an à Quimper où ma copine faisait ses études, détaille-t-il en justifiant son infidélité à son département. On peut dire que c’est un peu plus breton et très charmant parce qu’il y a davantage de belles maisons en pierre par rapport à Lorient qui a été détruite pendant la guerre. Mais le climat est bien meilleur à Lorient. Ensuite j’ai fait un séjour à Nice le temps d’une année, pour voir si je pouvais m’acclimater. J’en suis revenu parce que suis fier et amoureux de ma région. J’ai essayé de la quitter mais ça ne marche pas ».
Dorénavant, Barguil a posé ses valises, ses meubles et ses vélos à une poignée de kilomètres de ses bases historiques : « J’habite maintenant à Kervignac, juste à côté du pont qu’empruntera le peloton du Tour après le départ de la 3e étape. C’est un endroit superbe parce qu’on se sent vivre au rythme des marées. Plus globalement, toute la côte qui va jusqu’à Quiberon est agréable, et en plus praticable pour tout le monde à vélo ».

Esprit breton
Pour Barguil aussi, la référence absolue c’est Hinault : « il représente mieux que personne le Breton pur et dur. On est tous un peu bornés et têtus comme lui. Ce que j’aime chez lui, c’est le cran qu’il a pour assumer ses idées. Il dit ce qu’il pense et il le dit devant vous ». La force de caractère que l’on trouve chez le Blaireau fait bel et bien partie des attributs que les Bretons se reconnaissent. Warren se sent aussi très lié à l’élément marin qu’il côtoie. « Je ne parle pas de la mer mais de l’Océan, précise-t-il, ce qui fait une réelle différence. Les marées, les vagues, ce n’est pas la Méditerranée, c’est beaucoup plus vivant. Pour nous le bateau c’est très important. C’est un de mes loisirs, mais je suis simplement un marin côtier, je fais de la pêche avec des copains ». Attaché à la dimension de Lorient comme place forte de la marine sportive, le cycliste tourne même les jambes en compagnie de Franck Cammas, un Aixois qui a su se faire adopter par les Bretons.

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hinault (bernard) barguil (warren) || 089005_0001 CALORGUEN France <motCle99> ANCIEN SPORTIF CIVIL MAGAZINE PORTFOLIO PORTRAIT </motCle99> © PRESSE SPORTS
barguil (warren) - (fra) - || 127151_0353 BINCHE Belgique <motCle99> AMBIANCE DEPART ATTITUDE COMPETITION GROS PLAN PORTFOLIO PORTRAIT ETAPE 03 ARKEA SAMSIC TDF 2019 </motCle99>
barguil (warren) - (fra) - || 127151_0353 BINCHE Belgique <motCle99> AMBIANCE DEPART ATTITUDE COMPETITION GROS PLAN PORTFOLIO PORTRAIT ETAPE 03 ARKEA SAMSIC TDF 2019 </motCle99> © PRESSE SPORTS
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barguil (warren) - (fra) - || 111533_0082 France <motCle99> COMPETITION ETAPE DE MONTAGNE LEADER MONTAGNE PODIUM ETAPE 09 TDF2017 SUNWEB </motCle99> © PRESSE SPORTS

Terre de vélo
Que l’on admette ou pas l’identité bretonne de Lucien Petit-Breton, né à Plessé dans le département de la Loire-Atlantique qui ne dépend plus administrativement de la région, les coureurs bretons ont mis la main sur environ 10 % des lignes de palmarès du Tour de France, avec les succès de Robic (1947), Bobet (1953-54-55), Hinault (1978-79-81-82-85) et donc Petit-Breton (1907-08). Bien loin de ces succès de prestige, c’est en se plongeant dans l’atmosphère unique en Bretagne des courses de jeunes que l’on saisit le mieux la passion du vélo, selon Barguil. « Tous les week-ends c’est la grosse compète : les enfants sont à bloc… et les parents sont à bloc. C’est exceptionnel et c’est même assez fou. Contrairement aux autre régions, on n’a jamais besoin de faire plus d’une heure de voiture pour trouver une course ».
Ces frissons de compétition ont accompagné dès ses 14 ans le Lorientais, qui a connu la joie et l’émotion de s’imposer sur ses terres à l’occasion du Tour du Morbihan juniors, dont l’arrivée était précisément jugée à Hennebont. Un souvenir qui reste gravé à plusieurs titres dans sa mémoire : « C’était forcément exceptionnel, d’autant plus que je venais de gagner le maillot de champion de France juniors. J’étais parti tout seul, en sortant d’abord d’une échappée à deux avec Teruia Krainer, puis je l’ai lâché dans le dernier tour. Il y avait les copains, la famille, c’était top. J’étais déjà avec ma femme, j’avais 17 ans et c’était le début de notre histoire ».

Le Tour en Bretagne
La première expérience de spectateur du Tour est aussi un rituel chez les enfants bretons. Naturellement, c’est accompagné de son père Denis, licencié bien avant lui au club de Lanester, que Warren s’est rendu sur le parcours du contre-la-montre justement tracé entre Lanester et Lorient en 2002. « Nous avions fait attention de nous placer sur une portion en faux-plat montant afin de ne pas les voir passer trop vite, se souvient-il. A l’époque je faisais du BMX, mais je regardais déjà le Tour tous les étés. Et c’est comme ça que j’ai eu envie de faire du vélo. C’est comme Roland-Garros, quand je regarde un match j’ai envie d’aller jouer au tennis ».
Bien plus tard, Barguil s’est fait sa place dans le peloton du Tour, qui faisait déjà une incursion en Bretagne pour sa première participation en 2015 et surtout dans son secteur immédiat en 2018 avec une étape Lorient-Quimper. « Cela fait très bizarre et c’est même fou de se retrouver sur ses routes d’entraînement pour la plus grande course du monde. Le départ était vraiment donné depuis la maison en 2018. Bien sûr, je n’avais pas eu trop le choix, il fallait que je reste dans le peloton, mais j’ai profité de cette journée. Ça fait chaud au cœur de voir autant de banderoles à son nom, le public qui me supporte tout au long du parcours… »

En 2021, tout est permis…
En 2017, Warren Barguil avait mis fin à une disette de 24 ans sans victoire d’étape dans le clan breton (Pascal Lino, 1993, Perpignan), en s’imposant à Foix, puis quelques jours plus tard au col d’Izoard. Mais il reste à combler un vide encore plus long depuis le dernier succès d’un Breton en terre bretonne, à Plumelec sur le prologue de l’édition 1985 remporté par Bernard Hinault. Le coureur d’Arkea-Samsic analyse ses chances avec lucidité et envie : « Les deux premières étapes ne seront pas pour les sprinteurs… mais il faut être réaliste, ce sera compliqué de battre Julian Alaphilippe et Mathieu van der Poel. Je ne pars pas battu, mais il va falloir que les planètes soient alignées, on ne sait jamais. Tout peut basculer dans les deux cents derniers mètres. Sur la première j’imagine bien Michael Matthews se mêler au match, parce que c’est raide au pied mais ensuite les pourcentages ne sont pas élevés. Celle de Mûr-de-Bretagne est certainement plus ouverte. Il y a une question de jambes, mais aussi de timing ».

Leur Bretagne à eux… les épisodes précédents, à découvrir ou à relire :
.Cyril Gautier : « Les bagadoù, ça me file des frissons » (I/V)
.Valentin Madouas : « Un Breton ça ne lâche jamais rien, c’est persévérant » (II/V)
.Elie Gesbert : « Le maillot Gwen-ha-Du, ça en impose » (III/V)
.David Gaudu : « Ta famille et tes amis au bord de la route, c’est le bonheur » (IV/V)

 

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