Leur Bretagne à eux (IV/V)

La Bretagne est à l’honneur sur le parcours du Tour de France 2021, avec un grand départ organisé à Brest et quatre étapes visitant les quatre départements de la région. Et bien que le record de 14 Bretons établi en 1958 soit hors d’atteinte, le peloton 2021 accueillera une petite dizaine de « régionaux du départ » qui vivront à coup sûr une séquence d’émotion et de fierté. Cinq d’entre eux racontent pour letour.fr leur Bretagne, des souvenirs d’enfance à leur rapport à la culture régionale… sans jamais s’éloigner très longtemps du vélo.
Pour David Gaudu, le séjour du Tour en Bretagne coïncide aussi avec le début d’une nouvelle aventure, sachant qu’il portera pour la première fois la responsabilité de leader de l’équipe Groupama-FDJ. L’ambition à la mode bretonne, ce serait de démarrer en fanfare par une victoire à Mûr-de-Bretagne, à quelques kilomètres de chez lui.

David Gaudu : « Ta famille et tes amis au bord de la route, c’est le bonheur »

Né le 10 octobre 1996 à Landivisiau (29)
Equipes successives : FDJ (2016-2017), Groupama-FDJ (2018-2021)
Principaux résultats :
2013 : vainqueur du Grand Prix de la Mine de Poullaouen
2014 : vainqueur de Aubel-Thimister-La Gleize
2015 : vainqueur d’étape sur la Ronde finistérienne et sur le Tour d'Auvergne
2016 : vainqueur de la Course de la Paix et du Tour de l’Avenir
2017 : vainqueur d’étape sur le Tour de l’Ain (2e du classement général), 9e de la Flèche Wallonne
2018 : 2e du Mémorial Marco Pantani
2019 : vainqueur d’étape sur le Tour de Romandie, 3e de l’UAE Tour, 6e de Liège-Bastogne-Liège
2020 : double vainqueur d’étape sur la Vuelta (8e du classement général)
2021 : vainqueur de la Classic Ardèche, vainqueur d’étape sur le Tour du Pays Basque (5e du classement général), 7e de la Flèche Wallonne, 3e de Liège-Bastogne-Liège
Palmarès Tour de France : 2018, 34e / 2019 : 13e / 2020 : abandon (16e étape)

BREST, FRANCE - JULY 12: David Gaudu of team FDJ during the stage 06 of the Tour de France 2018 on July 12, 2018 in Brest / Mûr de Bretagne Guerlédan, France. (Photo by James Startt/Agence Zoom)
BREST, FRANCE - JULY 12: David Gaudu of team FDJ during the stage 06 of the Tour de France 2018 on July 12, 2018 in Brest / Mûr de Bretagne Guerlédan, France. (Photo by James Startt/Agence Zoom) © PRESSE SPORTS
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gaudu (david) – (fra) – © PRESSE SPORTS

Esprit breton…
Pour trouver encore plus Breton que lui, David Gaudu ne cherche pas bien loin. La référence en la matière, ce sont ses parents et en particulier son père Bertrand, ancien vététiste converti par son fils au vélo de route. « Mes parents sont de vrais Bretons, ils m’ont inculqué leurs valeurs. Et si je suis têtu comme je le suis, c’est que je leur dois ça. Mon père est encore pire que moi, et même au niveau très au-dessus ». Cette caractéristique largement partagée et assumée dans la région interroge sur la similitude avec un autre personnage important dans le parcours de David. Bien que limitrophe du département de l’Ille-et-Vilaine, Marc Madiot a en effet collectionné les titres de champion de Bretagne à l’époque où la Mayenne dépendait du comité de Bretagne, et n’a rien à envier à ses voisins en ce qui concerne le caractère : « Il a un peu cette mentalité, admet le jeune champion. On peut même dire qu’entre Bernard Hinault et Marc Madiot, en termes de tempérament, ça se vaut ».
S’il n’a jamais pu porter le maillot de champion de Bretagne, ne s’étant imposé que sur le chrono par équipes en juniors avec l’UC Briochine, Gaudu manifeste un réel attachement au drapeau breton, dont l’omniprésence sur les courses cyclistes souligne ce sentiment de fierté régionale. « Des Bretons, il y en a dans le monde entier et ils revendiquent leurs origines, même quand elles sont lointaines. Mon métier me fait voyager et j’en ai vu un peu partout des Gwen-ha-Du, même sur l’UAE Tour. Et je suis certain qu’il y en aura sur le parcours des Jeux de Tokyo, pandémie de Covid-19 ou pas ! ».

Le pays du vélo…
La passion du vélo compte aussi en bonne place parmi les spécificités qui rassemblent en Bretagne. « C’est surtout le nombre de courses qui est impressionnant, précise Gaudu. Dès qu’on est cadet, les possibilités sont énormes. Pendant l’été, sur une semaine il y a moyen de courir sept fois ». Pratiquants ou pas, il s’avère aussi que le sujet anime au quotidien les conservations. Il y a d’ailleurs peu de débats sur le champion qui récolte tous les suffrages au jeu des comparaisons : « Dans n’importe quel café, on peut parler de vélo avec tout le monde… mais on en revient vite à Bernard Hinault ».

Itzulia Basque Country 2021 - 60th Edition - 6th stage Ondarroa - Arrate (Eibar) 111,9 km - 10/04/2021 - David Gaudu (FRA - Groupama - FDJ) - Primoz Roglic (SLO - Jumbo - Visma) - photo Luis Angel Gomez || 138469_0031 Arrate Espagne <motCle99> ACTION JOIE
Itzulia Basque Country 2021 - 60th Edition - 6th stage Ondarroa - Arrate (Eibar) 111,9 km - 10/04/2021 - David Gaudu (FRA - Groupama - FDJ) - Primoz Roglic (SLO - Jumbo - Visma) - photo Luis Angel Gomez || 138469_0031 Arrate Espagne <motCle99> ACTION JOIE © PRESSE SPORTS
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valverde (alejandro) - (esp) - gaudu (david) - (fra) - © PRESSE SPORTS
FRANCE Ð AUGUST 11: David Gaudu of France, Thibaut Pinot of Team FDJ during Stage Three LAGNIEU > OYONNAX  of the Tour de l'Ain on Friday 11 August, 2017, Oyonnax France. (Photo by James Startt/Agence Zoom)
FRANCE Ð AUGUST 11: David Gaudu of France, Thibaut Pinot of Team FDJ during Stage Three LAGNIEU > OYONNAX of the Tour de l'Ain on Friday 11 August, 2017, Oyonnax France. (Photo by James Startt/Agence Zoom) © PRESSE SPORTS

Un coin de Bretagne
« Je suis Breton et Français, cela marche dans les deux sens et je n’oublie jamais de le préciser quand je me présente. C’est presque une double nationalité ». Il n’y a aucune ambiguïté chez David Gaudu quant à la grande fierté de son identité bretonne, qu’il a construite à cheval sur deux départements : « J’ai vécu à Landivisiau et maintenant j’habite à Quintin, dans les côtes d’Armor. Ce n’est pas forcément une trahison parce que mes parents sont Costarmoricains, ont déménagé dans le Finistère pour le travail et c’est donc là que je suis né, mais toutes les origines de ma famille sont dans le ‘’22’’ ». Il s’agit même d’un réel retour à ses racines qu’a effectué David en choisissant son lieu de vie, à une vingtaine de kilomètres de Saint-Brieuc : « J’ai toujours dit que je me ferais construire une maison dès que j’aurais un travail et c’est ce que j’ai fait quand j’ai signé mon premier contrat pro. J’étais en train de rouler quand j’ai vu le panneau d’un terrain à vendre. Je suis allé le voir et j’ai eu un coup de cœur. C’est à 1 km de l’endroit où a grandi ma mère. Alors que quand j’étais petit, j’avais horreur d’aller chez ma grand-mère, parce que je m’y ennuyais. En réalité j’adore ce village ».
La description de Quintin faite par son ambassadeur le plus prestigieux évoque également les possibilités d’accès à des parcours d’entraînement somptueux : « Ma maison se trouve sur une petite bute, avec la vue sur le château et l’église, c’est très tranquille. Mais le coin que je trouve le plus beau, c’est le Cap Fréhel, avec le château de Fort la Latte. Quand je passe en vélo là-bas, j’en prends plein les yeux. C’est une sortie de cinq heures avec des montées et descentes le long du littoral. A chaque fois qu’on bascule, on découvre la vue sur la plage suivante, c’est superbe ».

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gaudu (david) - (fra) - © PRESSE SPORTS
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cosnefroy (benoit) madouas (valentin) gaudu (david) © PRESSE SPORTS
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gaudu (david) - (fra) - © PRESSE SPORTS

Le Tour en Bretagne…
Ce n’est pas en Bretagne que David Gaudu a vu passer pour la première fois le peloton du Tour de France devant ses yeux, « c’était dans le Tourmalet, où nous étions allés en famille ». En revanche, il se trouvait au cœur de l’action durant son premier Tour de France, lorsque l’édition 2018 avait programmé trois jours en Bretagne, dont une étape disputée à proximité immédiate des bases de David. « J’attendais l’étape de Mûr-de-Bretagne avec impatience, c’était ma journée. Je connais ces routes jusque dans les moindres virages, j’étais vraiment chez moi. Nous étions en fin de première semaine, donc c’était déjà un peu moins nerveux. Et durant l’étape on savait que ce serait une course de côte, donc on roulait un peu comme à l’entraînement… mais avec un dossard au cul. Surtout, il y a tous les gens qui crient ton nom ! Voir toute ta famille et tes amis au bord de la route, c’est le bonheur. Mes parents étaient à Kerfaven, quand je les ai vus c’était une grande émotion ».

En 2021, tout est permis…
Sur ses trois premières participations au Tour de France, David Gaudu n’a pas encore pu exprimer totalement ses qualités. Après une expérience 2018 consacrée à la découverte, un scénario final cauchemardesque en 2019 avec la blessure de Thibaut Pinot et une édition 2020 d’emblée gâchée par une chute le premier jour, il s’agit maintenant d’un tout autre contexte. Pour ce Grand Départ à domicile, il endosse cette fois-ci le costume de leader de Groupama-FDJ, un rôle correspondant à la progression observée depuis ses deux victoires d’étapes sur la Vuelta. Et peut-être un signe du destin, avec quatre occasions de succéder à Bernard Hinault en tant que dernier vainqueur breton d’une étape bretonne (c-l-m. de Plumelec, 1985) ? « Ce serait incroyable, surtout à Mûr-de-Bretagne, j’habite à 20 bornes et c’est notre Alpe-d’Huez. On ne sait jamais parce que sur cette montée, on joue au poker menteur, on ne peut pas savoir ce qui va se passer. Alexis Vuillermoz y a gagné, Dan Martin y a gagné et à chaque fois ils n’étaient pas les grands favoris… mais ils ont tous les deux attaqué au même endroit, à un kilomètre de la ligne ! On sait aussi que ça dépendra du vent qu’il y a dans la montée finale, parce qu’il y a un risque de s’écraser. Et tout cas si je gagne, je pense que je vais pleurer. J’ai envie de continuer sur la lancée de ce bon début de saison. J’ai réussi à jouer avec les meilleurs et à vivre de belles émotions… c’est tellement bien que j’ai envie de les vivre tout le temps. J’ai les crocs ! ».


Leur Bretagne à eux… les épisodes précédents, à découvrir ou à relire :
. Cyril Gautier : « Les bagadoù, ça me file des frissons » (I/V)
. Valentin Madouas : « Un Breton ça ne lâche jamais rien, c’est persévérant » (II/V)
. Elie Gesbert : « Le maillot Gwen-ha-Du, ça en impose » (III/V)

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