La 15e étape du Tour de France a raconté une nouvelle histoire d’audacieux prêts à se lancer dans une échappée incertaine et exigeante pour tenter d’ajouter une ligne de prestige à son palmarès. Le groupe d’attaque du jour a compté près d’une quarantaine de coureurs avant qu’une première sélection soit opéré dans la montée au col de la Croix Fry, où les candidats étaient encore bien trop nombreux. « Au-dessus de quatre, on est une bande de cons », disait George Brassens dans l’une de ses chansons. A cette affirmation, il se dit que Pierre Desproges a répondu « a fortiori, moins de deux c’est l’idéal ». C’est peut-être de cette philosophie que s’est inspiré Wout Poels, qui a d’abord suivi un mouvement d’attaque initié par Marc Soler et a surtout pris son destin en mains pour lâcher Wout van Aert à 10,5 kilomètres de l’arrivée et s’imposer en solitaire sur les hauteurs de Saint-Gervais. Après avoir gagné Liège-Bastogne-Liège en 2016, le Néerlandais s’impose pour la première fois, à 35 ans, sur les routes du Tour de France. Derrière lui, Jonas Vingegaard et Tadej Pogacar se sont neutralisés. Le Danois passera la deuxième journée de repos avec le Maillot Jaune, été une avance intacte de 10 petites secondes.
Alaphilippe et Lutsenko en duo
Après le forfait de Daniel Martinez, il reste 157 coureurs au départ de la station des Gets. Les volontaires pour l’échappée sont encore une fois très nombreux à se précipiter à l’avant du peloton dès les premiers kilomètres. Les tentatives sont systématiquement anéanties par des mouvements de contre-attaque, jusqu’au kilomètre 37 où un groupe se forme avec Van Aert (Jumbo-Visma), Soler (UAE Team Emirates), Fraile (Ineos Grenadiers), Pinot (Gorupama-FDJ), Cort, Powless (EF Education-EasyPost), Alaphilippe (Soudal-Quick Step), Landa, Poels (Bahrain Victorious), Politt (Bora-Hansgrohe), Ciccone, Skjelmose, Lopez (Lidl-Trek), Van der Poel, Kragh Andersen (Alpecin-Deceuninck), Costa (Intermarché-Circus-Wanty), I.Izagirre (Cofidis), Aranburu (Movistar), Woods, Houle, Neilands (Israel-PremierTech), Craddock (Jayco-AlUla), Barguil (Arkéa-Samsic), Lutsenko (Astana), Traeen (Uno-X) et Burgaudeau (TotalEnergies). Parmi eux, Julien Alaphilippe et Alexey Lutsenko choisissent de vivre une petite aventure à deux à partir du kilomètre 42. Leurs poursuivants leur accordent une trentaine de secondes d’avance.
Chute collective au km 52
Le peloton se tient à moins d’une minute des hommes de tête, ce qui permet à Le Gac (Groupama-FDJ), Amador, Uran (EF Education-EasyPost), Haller, Konrad (Bora-Hansgrohe), Peters (AG2R-Citroën), Martin (Cofidis), Hamilton (DSM), Teuns (Israel-Premier Tech), Jull-Jensen, Mezgec (Jayco-AlUla), Guglielmi (Arkéa-Samsic) et Abrahamsen (Uno-X) de faire grossir le groupe de poursuite à 37 coureurs au km 49. C’est immédiatement après ce mouvement que le peloton est stoppé par une chute collective au kilomètre 52. La remise en route très progressive donne l’occasion aux échappés de prendre le large. Et le déclenchement d’une poursuite ne présente pas de caractère d’urgence, sachant que Guillaume Martin, le plus menaçant de cette imposante troupe, pointe à près de 17 minutes au général. Dès lors, Alaphilippe et Lutsenko ne s’éloignent pas réellement de leurs premiers poursuivants, mais passent le sprint intermédiaire (km 72) avec 8’35’’ d’avance sur le peloton.
Soler passe à l’attaque
La configuration reste identique au col de la Forclaz de Montmin (km 82,8), où l’on enregistre même un écart de 8’40’’, pendant que Ciccone et Powless se chiffonnent pour les points laissés par le duo d’ouvreurs. Alaphilippe et Lutsenko sont repris au km 92 et l’imposant groupe perd ensuite environ la moitié de son effectif, dont Powless et Van der Poel, dans la montée au col de la Croix Fry. Rui Costa y a tenté une sortie en solitaire, mais c’est bien Giulio Ciccone qui s’empare du maximum de points au sommet. En revanche, l’Italien n’est plus dans le coup au col des Aravis (133,3), Marc Soler ayant attaqué à 2 kilomètres, suivi par un trio Van Aert-Poels-Neilands qui opère la jonction à la bascule. Ce quatuor perd Neilands sur chute dans la descente, mais creuse efficacement l’écart sur le reste de leurs poursuivants.
Vingegaard et Pogacar se neutralisent
Le match à trois qui s’organise pour la gagne de l’étape est lancé dans la côte des Amerands par une attaque tranchante de Wout Poels qui lâche Wout van Aert à 10,5 km de l’arrivée, au moment même où Marc Soler comblait un léger retard pris dans la descente. Solide tout au long de l’ascension puis dans la montée finale au Bettex, le Néerlandais ne cesse de creuser l’écart, pour aller chercher en solitaire sa première victoire d’étape sur le Tour de France. Derrière, la sélection est durcie tour à tour par les formations Jumbo-Visma et UAE, qui réduisent le groupe des favoris à huit coureurs à 5 kilomètres du but. C’est dans le dernier kilomètre que Vingegaard et Pogacar se retrouvent confrontés en duel, sans parvenir à se départager sur la ligne d’arrivée, franchie ensemble avec une insignifiante poignée de centimètres pour le coureur slovène.
