Avant la cérémonie de présentation des équipes qui clôture la journée dans la rade de Brest, une partie des favoris de la 108e édition du Tour de France a participé à des visio-conférences de presse animées depuis le parc des expositions de Penfeld.
Primoz Roglic a vécu une expérience malheureuse en 2020, mais s’avance avec prudence et confiance vers son défi de 2021 en tant que leader unique de Jumbo-Visma. La configuration est opposée chez ses rivaux d’Ineos Grenadiers, où quatre coureurs pourraient légitimement viser la victoire : Geraint Thomas, Richard Carapaz, Richie Porte et Tao Geoghegan Hart.
L’enjeu des deux premières étapes attire par ailleurs de nombreux candidats, avec Wout Van Aert dans le clan de Roglic, mais aussi Michael Matthews qui lorgne sur le premier Maillot Jaune, tout comme Vincenzo Nibali par exemple.
CAMERAS ET PROJECTEURS… ACTION
Pour l’instant, les coureurs qui ont rejoint la pointe du Finistère se sont essentiellement contentés de monter sur leurs vélos pour reconnaître le parcours des deux premières étapes, et éventuellement pour les plus curieux de pousser l’exploration jusqu’au Conquet, la cité la plus occidentale de France continentale. Ils sont maintenant déjà appelés à assurer le spectacle à l’occasion de la présentation des équipes. À partir de 18h30, leur premier « défilé » se tient dans le quartier portuaire de Brest. Les cyclistes remplacent les marins sur le « Parc à chaînes », pour un premier rendez-vous télévisuel qui réserve souvent des surprises, comme le dévoilement de nouveaux maillots réalisés spécifiquement pour le Tour. La mise en bouche mobilise déjà une grande partie des diffuseurs officiels du Tour, 22 au total ayant prévu d’ouvrir leurs antennes ou portails numériques dans 170 pays, ainsi que 4 diffuseurs locaux : Tébéo, Tébésud, TVR, Brezhowed (web TV en langue bretonne). Ces premières images de l’édition 2021 seront également accessibles sur les plateformes digitales officielles, à commencer par le site letour.fr.
ROGLIC, LE RETOUR
La déconvenue de Primoz Roglic lors du contre-la-montre de La Planche des Belles Filles, où il a perdu le Maillot Jaune au profit de Tadej Pogacar, reste l’une des scènes marquantes de l’année cycliste 2020. Interrogé sur sa façon d’aborder le Tour quelques mois plus tard, le grand battu s’est livré sans angoisse, ni fanfaronnerie : « Nous avons adopté une approche différente cette année, c’est pour cela que je n’ai pas couru en compétition pendant deux mois. Mais j’ai pris l’habitude de faire ce genre de coupure et je suis généralement en forme quand je sors d’un stage en altitude, c’est ce que j’ai fait pour la Vuelta l’an dernier ». Après avoir pris comme référence un souvenir de victoire, le Slovène insiste aussi sur l’accent mis sur le contre-la-montre dans sa préparation : « Nous avons vu à quel point ça peut être décisif l’année dernière, alors nous avons reconnu les deux parcours ». Si le leader de Jumbo-Visma vise la Maillot Jaune à Paris, il se peut que la formation néerlandaise mette la main dessus dès la première étape à Landerneau. Peut-être pas avec Mike Teunissen comme en 2019 à Bruxelles, mais plus probablement avec Wout Van Aert, l’un des favoris pour l’ouverture des débats : « Il est certain que les deux premières étapes me correspondent, donc le Maillot Jaune est naturellement dans un coin de ma tête », explique le champion de Belgique qui ne serait donc pas vexé de quitter quelques jours son tout nouveau maillot.
BREST 1952… D’HIER À AUJOURD’HUI
C’est à l’occasion du premier Grand Départ à Brest, en 1952, qu’a été créée la prime quotidienne de la combativité. Et cette année, le Prix de la combativité reçoit le concours d’un juré supplémentaire : le grand public, qui représente une voix à travers les réseaux sociaux. C’est aussi sur le Tour 1952 qu’est apparu « le petit Wermel », guide touristique des étapes réalisé (jusqu’en 1993) par le commissaire général du Tour Elie Wermelinger et que l’on peut retrouver, pour le Tour 2021, sur letour.fr dans la description de chaque étape. Le patrimoine et les anecdotes historico-sportives des communes situées sur l’itinéraire y sont détaillés. 1952 a aussi été l’année où ont été réalisés les premiers résumés télévisés de chaque étape, sous l’autorité de Pierre Sabbagh, avec Henri Persin, cinéaste de la presse filmée, à la caméra, Jacques Anjubault au montage et Georges de Caunes au commentaire pour diffusion au journal parlé de midi à la télévision française. Le premier direct date du 8 juillet 1958 (montée de l’Aubisque). Désormais, le Tour de France est retransmis dans 190 pays par 100 chaînes dont 60 en direct.
INEOS GRENADIERS, CRÉATURE À QUATRE TÊTES… DE VAINQUEURS
La formation britannique s’est souvent distinguée dans son histoire sur le Tour par la force de frappe qu’elle est capable d’aligner. Mais les Ineos Grenadiers n’avaient encore jamais présenté quatre vainqueurs en puissance au départ. Tous ont été invités à parler devant les caméras, sans que l’on sache si l’ordre de leurs interviews ait été défini par leur classement dans la hiérarchie interne… « Oui, a répondu sans hésitation Geraint Thomas qui était le premier à se présenter, et qui prévoit de défier notamment les Slovènes. Il y a des avantages et des inconvénients à avoir plusieurs leaders, mais si on gère cela correctement et que nous restons tous au contact après la première semaine, cela nous donnera de la force ». Dans la bande, il y aura certainement un rôle majeur attribué à Richard Carapaz : « Je suis préparé comme jamais, affirme le vainqueur équatorien du Giro 2019. Notre équipe est solide, puissante et la course décidera de celui pour qui nous allons rouler ». Le plus expérimenté, Richie Porte, accepte lui aussi avec bonheur la densité de l’effectif de l’équipe où il a fait son retour cette année : « Pogacar et Roglic, ce sont les deux à surveiller. Ils ont un capacité d’accélération sur les finishs en montagne qui leur permet de gagner du temps. Alors il faut les fatiguer avant pour les isoler. Et si nous sommes quatre, ils ne pourront pas tous nous suivre sur nos attaques, ce sera un avantage pour nous au pied des ascensions ». Enfin, Tao Geoghegan Hart, vainqueur du Giro 2020, a dû attendre son tour pour s’exprimer, en tant que nouveau venu sur la Grande Boucle : « Je débute le Tour de France dans une équipe expérimentée, celle qui a montré sa capacité à gagner le Maillot Jaune. C’est énorme pour moi de me retrouver au sommet du cyclisme ».
MATTHEWS… EN JAUNE ET VERT ?
Sous différentes appellations, il s’agit de la 10e participation consécutive au Tour de France de la formation australienne BikeExchange. C’est cette fois-ci Lucas Hamilton, 4e de Paris-Nice en début d’année, qui a été missionné pour tenter d’aller chercher à nouveau une place d’honneur en fin de course. Mais l’équipe ne manque manifestement pas d’arguments pour partir à la chasse aux étapes, et même aux maillots lorsque l’on entend se positionner Michael Matthews, le vainqueur du classement par points en 2017 : « Les deux premières étapes semblent très intéressantes. Elles sont beaucoup plus dures que tout le monde croit, et il y a 50 points sur chacune pour le vainqueur, dans la course au maillot vert. Ce qui peut faire un bel écart par rapport aux purs sprinteurs. La première sera très sélective, mais il y aura tout de même les acteurs attendus du classement général, ils ne voudront pas lâcher de temps. En tout cas je travaille pour être bon sur ce genre d’étapes, pas sur les étapes totalement plates ». C’est sur des profils encore plus relevés qu’il sera envisageable de voir briller Simon Yates : « Je n’ai aucune ambition au général, mais je viserai des étapes. Mentalement, cela aurait été trop difficile d’enchaîner le Giro et le Tour en jouant les premières places. Et je ne pourrais pas sortir du Tour en forme pour aller aux Jeux de Tokyo en courant le général. Il est plus réalise de tenter un coup sur une étape, rester en retrait quelques jours et tenter à nouveau ».
NIBALI ET MOLLEMA, À L’AFFUT
La cite du Ponant rappelle quelques vieux souvenirs à Vincenzo Nibali, qui y avait débuté son premier Tour de France en 2008. « Je m’en rappelle très bien et ce sont même de merveilleux souvenirs, j’avais porté le maillot blanc pendant plusieurs jours cette année-là, explique le vainqueur du Tour de France 2014. Cette année je ne viserai pas le classement général, dans mon esprit Tadej Pogacar est le favori. Je verrai comment répondent mes jambes, mais je pourrais tenter quelque chose sur les deux premières étapes. Ce n’était pas facile de récupérer du Giro, mais la semaine dernière je me suis très bien entraîné pour les championnats d’Italie et le Tour de France ». Roulant dans le même maillot de Trek-Segafredo, Bauke Mollema fait son retour après un abandon sur chute l’année dernière sur la route du Puy Mary : « C’était une blessure au poignet très compliquée, souligne le Néerlandais. Mais maintenant l’équipe est en ordre de marche, avec Jasper Stuyven et Mads Pedersen pour les sprints. Quant à Vincenzo et moi, nous serons là pour attaquer dans les montagnes ».