La liste officielle des partants du 107e Tour de France a été communiquée à la veille du départ, avec 176 coureurs représentant 30 nationalités, qui évolueront cette année dans le contexte particulier d’une « bulle » destinée à les préserver de la circulation du virus Covid-19. Le tenant du titre Egan Bernal est aussi le chef de file d’une délégation colombienne riche en talents, qui se retrouvera notamment confrontée à l’appétit de Thibaut Pinot. L’étape inaugurale du Tour 2020, dessinée pour offrir l’opportunité aux sprinteurs de revêtir le premier Maillot Jaune, se jouera sur 156 kilomètres avec départ et arrivée au cœur de Nice. Caleb Ewan, Sam Bennett, Elia Viviani, Giacomo Nizzolo ou Bryan Coquard sont déjà concentrés sur la ligne d’arrivée de la Promenade des Anglais.
LE TOUR ANTI-COVID : UNE BULLE POUR LES COUREURS
Un important protocole a été bâti depuis plusieurs semaines en collaboration avec les autorités sanitaires françaises et les différentes instances du cyclisme afin d’empêcher l’entrée et la circulation du virus de la Covid au sein de la caravane du Tour de France au sens large. Sachant que tous les accrédités, dont le nombre a été réduit de plus de 30 % par rapport à 2019, doivent impérativement présenter un test PCR négatif, l’enjeu réside ensuite dans la protection contre le virus. Une bulle a donc été créée autour des 650 personnels des équipes sportives, comprenant les coureurs, leur encadrement et 250 personnes de l’organisation, tous soumis à un protocole de tests renforcé (deux avant le départ, puis un par semaine). Par ailleurs, le port du masque est obligatoire sur tout le parcours du Tour de France (700 000 masques à distribuer dont 350 000 à destination du grand public), tandis que 2 tonnes de gel hydroalcoolique sont prévues. Un filtrage sera mis en place pour accéder aux cols et une campagne de communication rappellera au public les gestes barrières. Enfin, une cellule Covid est constamment maintenue en alerte (20 personnes), avec un laboratoire mobile de tests en capacité de s’adapter aux besoins.
EGAN BERNAL : « J’AI ENCORE QUELQUES DOULEURS DANS LE DOS »
Quelque chose a changé au sein de la formation Ineos, et pas seulement son nom auquel a été accolé Grenadiers. Sans Froome ni Thomas, la formation britannique semble moins intouchable qu’auparavant, mais la recomposition du groupe n’inquiète pas le manager Dave Brailsford, pas plus que la concurrence des Jumbo-Visma : « Nous savons comment gagner cette course, notre équipe est celle qui a le plus de connaissances dans ce domaine et nous restons concentrés sur notre stratégie », prévient-il en ouverture de la visio-conférence de presse dans laquelle son leader affiche tout de même moins de certitudes. Après son forfait pour le dernier week-end, Egan Bernal donne en effet des nouvelles mi-rassurantes, mi-inquiétantes de son état de santé : « Je me sens mieux mais pour être honnête, j’ai encore quelques douleurs dans le dos. Je pense que ça va s’améliorer ». La confiance du tenant du titre lui permet de se projeter sur les prochaines semaines : « c’est un parcours dur et complet, avec beaucoup de montagnes, des étapes certainement ventées et un contre-la-montre l’avant-dernier jour qui m’obligera à attaquer auparavant pour l’aborder avec un avantage ». La Planche-des-Belles-Filles est encore bien loin…
LA COLOMBIE EN FORCE
Trente nationalités sont représentées dans le peloton du Tour 2020, les délégations les plus volumineuses étant celles de la France (39 coureurs), de la Belgique (17) et de l’Espagne (17). La Colombie se classe au 6e rang avec 10 coureurs, parmi lesquels 5 se sont déjà hissés sur le podium d’un grand tour cycliste : Egan Bernal, Miguel Angel Lopez, Esteban Chaves, Rigoberto Uran et Nairo Quintana. Si le contingent colombien reste bien loin des 26 coureurs du peloton de 1986, où deux équipes exclusivement colombiennes étaient invitées (Cafe de Colombia et Postobon), il y a fort à parier que leur meilleur représentant fera mieux que Samuel Cabrera, 11e cette année-là à 35 minutes de Bernard Hinault.
DEUX NOUVEAUX DRAPEAUX DANS LE PELOTON
Le Tour de France accueille deux nouvelles nationalités avec la première participation de l’Equatorien Richard Carapaz, vainqueur du Giro 2019, dans l’effectif d’Ineos-Grenadiers, ainsi que de l’Israélien Guy Niv au sein de la formation Israel Start-Up Nation. La dernière fois que la liste des engagés voyait apparaitre un nouveau pays remonte à 2016, avec l’Ethiopien Tsgabu Grmay.
THIBAUT PINOT RÊVE EN JAUNE
Parmi les outsiders prétendant à la succession d’Egan Bernal, Thibaut Pinot fait partie des plus en vue. Bien qu’il ait dû se contenter de la deuxième place sur le Critérium du Dauphiné, le leader de Groupama-FDJ s’est montré dans une forme encourageante et s’affirme par ailleurs déterminé pour sa grande conquête. « Dans la tête je suis plus fort, et j’arrive sur le Tour à 100 %. Je me sens plus serein et je ressens moins de pression. Ce qui m’est arrivé l’an dernier m’a encore plus endurci », analyse-t-il. Interrogé sur la possibilité de rivaliser avec les armadas d’Ineos-Grenadiers et de Jumbo-Visma, le Français exclut effectivement l’idée de nourrir des complexes : « nous sommes juste derrière, mais nous n’avons pas à avoir peur des autres équipes. D’ailleurs, nous n’aurons pas le poids de la course, ce sera à eux de contrôler dès demain ». Enfin, l’appétit manifeste de Pinot se confirme dès que l’on évoque la perspective de la 4e étape arrivant à Orcières-Merlette : « ce sera une étape importante avec un Maillot Jaune à prendre et une première hiérarchie qui se dégagera, donc on a envie de gagner. Ce ne serait pas un cadeau empoisonné, ça a toujours été un rêve de porter le Maillot Jaune ».
CHEVALIER LE BENJAMIN, VALVERDE LE DOYEN
Le peloton qui se réunira demain matin place Masséna comprend 42 débutants, dont 10 disputeront également leur premier grand tour. Maxime Chevalier (B&B Hotels-Vital Concept) est à 21 ans le plus jeune d’entre eux, même si Mathieu Burgaudeau et Tadej Pogacar n’ont pas encore fêté non plus leurs 22 ans. Alejandro Valverde dispute quant à lui son 12e Tour de France, en tant que doyen du peloton à 40 ans. Il pourrait essayer de battre le record de Raymond Poulidor, qui avait réussi à monter sur le podium du Tour à 40 ans en 1976. En tout cas, sa formation Movistar peut déjà revendiquer d’être la plus expérimentée avec 38 participations cumulées pour ses huit coureurs, contre 36 pour Groupama-FDJ et 35 pour CCC.
PARTENARIAT A.S.O.-FFC : PRIORITÉ À L’APPRENTISSAGE
Yann Le Moenner, directeur général d’A.S.O., et Christian Prudhomme, directeur du Tour de France, ont signé dans l’après-midi la reconduction d’un partenariat destiné à promouvoir la pratique du vélo, en particulier chez les plus jeunes et chez les féminines. Les actions prévues sont orientées cette année sur la mobilité durable, avec notamment la prise en charge du programme « Savoir Rouler à Vélo » s’adressant aux enfants des écoles primaires et des centres aérés. Un autre volet de l’accord porte également sur la détection des nouveaux talents et le développement du réseau « Ecole Française de Cyclisme » mis en place avec les clubs affiliés à la FFC.
