« Si je peux gagner quelques secondes, je serai déjà très heureux », déclarait hier après-midi Tadej Pogacar à l’évocation du défi qui l’attend dans la montée du Grand Colombier, sans faire étalage de ses états de service sur l’imposant massif jurassien. Le Slovène se souvient à coup sûr qu’il y avait remporté la deuxième étape de sa carrière sur le Tour de France, lors de l’arrivée qui y était jugée en 2020. Sa mémoire étant plus fiable qu’il ne le laisse paraitre, il se rappelle aussi qu’il n’avait pas réussi à éloigner de la moindre seconde son rival de l’époque : déjà le porteur du Maillot Jaune qu’il tentait de bousculer, déjà un coureur de la formation néerlandaise Jumbo-Visma, qui n’était autre que son compatriote Primoz Roglic. Bien entendu, si le scénario du « 1 et 2 » se répète avec Jonas Vingegaard, les secondes de bonification qui feraient une légère différence ne suffiraient pas à s’emparer du Maillot Jaune qu’il semble impatient de chiper au tenant du titre. Peut-être alors mettra-t-il une stratégie différente en place, quitte à différer d’un ou deux jours la prise de pouvoir sur laquelle il table. De son côté, Jonas Vingegaard assume jusqu’au bout la tactique du marquage à la culotte, en se laissant l’opportunité de bondir dès le moindre signe de faiblesse émis par le chasseur slovène qui se serait un peu trop précipité.
Dans leur match au sommet, les duettistes ont laissé à des baroudeurs la possibilité de s’exprimer, hier à Belleville en Beaujolais et deux jours plus tôt à Issoire. Il faudra aux grimpeurs tentés d'anticiper, puis de résister au duel qui est annoncé derrière eux, un avantage conséquent et une force de titan en abordant la montée de plus de 17 kilomètres, vacharde à souhaits dans le premier tiers de la pente. Tobias Johannessen y a gagné il y a moins de deux ans face à des adversaires un peu plus tendres sur le Tour de l’Avenir. Thibaut Pinot connaît encore mieux les lieux pour y avoir déjà triomphé en 2011 et en 2019 sur le Tour de l’Ain, mais pourrait payer son rapproché au classement général d’hier s’il était tenté de surprendre ses compagnons de route. Mais en ce jour de fête nationale, le peloton ne manque pas de grimpeurs français désireux d’aller chercher un jour de gloire.