Voiture 101 : une équipe qui roule (VI/VI)

1922 fut un millésime d’exception pour la littérature sportive. Antoine Blondin, né à Paris, et Pierre Chany, qui a vu le monde quelques mois plus tard du côté de Langeac, ont d’abord cultivé les différences avant de faire le bonheur des lecteurs de l’Equipe. L’Auvergnat a fait ses armes dans la presse communiste, couvrant ses premiers Tours de France pour Ce Soir, tandis que le Parisien noircissait encore les pages de l’hebdomadaire monarchiste Ici France. Puis les deux talents ont été réunis dans la voiture 101, chargée de coller aux roues du peloton du Tour pour que les reporters de L’Equipe vivent la course au plus près des champions. Pierre Chany de 1953 à 1987, rejoint par Antoine Blondin entre 1954 et 1982, ont été des frères de route sans équivalent pour transmettre les enjeux et la dramaturgie du Tour. Pour célébrer les 100 ans de leur naissance, le site letour.fr livre quelques échantillons piochés parmi leur immense production. Des morceaux choisis écrits sur une sélection de lieux qui seront visités par le Tour 2022.

Paris, 14 juillet 1964

 « On n’a pas été de la revue »

Le Tour 1964 reste dans les mémoires comme l’une des éditions les plus haletantes de l’histoire, intervenant au plus fort de la rivalité entre Jacques Anquetil et Raymond Poulidor, et dont l’image la plus symbolique reste celle de leur duel au coude-à-coude dans la montée au Puy-de-Dôme. Au sommet du Géant des Dômes, le Normand a été devancé par le Limousin, mais conserve son Maillot Jaune grâce à un avantage de 14’’ au classement général. L’écart reste intact au moment du contre-la-montre de tous les dangers, tracé pour le dernier jour, un 14 juillet, entre Versailles et Paris. Bien que donné favori sur l’exercice solitaire, « Maître Jacques » n’a pas beaucoup de marge et les efforts consentis quelques semaines avant le Tour pour s’imposer sur le Giro commencent à se faire sentir. Jusqu’au dernier pointage intermédiaire, « Poupou » reste en mesure d’inverser la tendance…

« Cette lutte, nous l’attendions dans la crainte et le tremblement pour de multiples raisons, dont la plus profonde est peut-être que nous craignions d’être déçus et de porter vis-à-vis de l’opinion si unanimement alertée par nos soins l’étiquette des marchands de vent. On sait déjà qu’il n’en arien été. Nous n’avons connu le vainqueur de cette épreuve de plus de 4 500 kilomètres qu’entre Boulogne et Billancourt, à moins de 1 500 mètres de la ligne d’arrivée, l’aventure de vingt-deux jours à a trouvé son dénouement en quelques minutes, là où nous l’espérions et dans le style que nous souhaitions. Mener à bien un semblable rendez-vous avec les fatalités sportives tient du prodige. Jusqu’au bout ce Tour aura été le Tour des Miracles. C’est peu de dire qu’en ce 14 juillet, nous n’avons pas été de la revue : nous sommes comblés ».

Lire l’intégralité de la chronique d’Antoine Blondin paru dans L’Equipe du 15 juillet 1964, ainsi que l’article de Pierre Chany sur la même page.


Au final, Jacques Anquetil atteint le Parc des Princes avec 21’’ d’avance sur Poulidor, 3e de l’étape derrière Rudy Altig. Son avantage est porté en tête du classement général à 55’’, pour boucler son cinquième Tour de France victorieux : « Rarement je me suis fait autant violence. Ma fierté est d’avoir battu un très grand champion, dans le Tour le plus dur que j’aie connu ».

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