Jonas Vingegaard, pour la gloire jaune (IV/V)

Le Danemark rejoint cette année la liste prestigieuse des pays ayant accueilli le Grand Départ du Tour de France. Cette grande première accompagne l’avènement d’une « génération dorée » dans le grand concert du cyclisme international. Comment ont-ils imposé leur talent ? Le site letour.fr est allé à la rencontre des coureurs, formateurs et dirigeants qui ont façonné le cyclisme danois moderne.  

Venu des routes plates et venteuses du Danemark, Jonas Vingegaard (Jumbo-Visma) est devenu l'un des plus grands grimpeurs du peloton actuel. De la côte ouest de Thy aux plus hauts sommets, en passant par le marché aux poissons de Hanstholm, accompagné par ses parents, ses formateurs et sa compagne, le lieutenant de Primoz Roglic revient sur le parcours qui a fait de lui un des talents les plus attendus pour le Tour de France 2022.

I - Le club

Dans le Jutland du Nord, la région la plus boréale du Danemark, la première activité sportive de Jonas Vingegaard a été le football. Jon Dahl Tomasson et les Rouges et Blancs brillaient balle au pied au début des années 2000 « mais ça ne le faisait pas vraiment pour moi et je manquais de motivation », se souvient-il. « Mes parents m'ont donc amené au départ du Tour du Danemark 2007 à Thisted, à côté de ma ville natale. Le club cycliste local faisait une initiation avec des vélos pour les enfants. J'ai essayé et ils ont dit que j'étais vraiment bon. J’imagine qu’ils disaient ça à tout le monde pour recruter de nouveaux membres. Ça a fonctionné sur moi, et je fais du vélo depuis ce jour-là. » Le Thy Cykle Ring avait découvert un talent particulier qui a fait ses premiers tours de roue dans un environnement bien spécifique. « Sur la côte ouest, le paysage peut être un peu différent », explique Vingegaard, qui vit et s'entraîne toujours dans le Jutland. « C'est un peu plus sauvage, intact. Bien sûr, il n'y a pas de montagne mais c'est un peu vallonné avec des étendues de sable et d'herbe. Je m’y plais vraiment. »  

II - Le directeur et la petite amie

Le jeune Jonas a progressivement développé ses talents de grimpeur et a « commencé à croire » qu'il pouvait faire carrière dans le cyclisme. « Rejoindre ColoQuick a été l’étape suivante, explique Vingegaard. Le propriétaire de l'équipe assistait à une course locale pour laquelle des pros étaient rentrés au pays. J'ai gagné la course et il a été impressionné. Il m'a immédiatement voulu dans l'équipe et j'ai commencé avec eux une ou deux semaines plus tard. » « Je travaillais beaucoup avec le directeur sportif Christian Andersen, qui est maintenant chez Uno-X », se souvient le jeune Danois. « Pour moi, ColoQuick était le meilleur endroit pour me former. Ils m'ont beaucoup appris sur l'entraînement et sur tous les sujets, pour grandir en tant que personne. Et après être devenu pro, je dirais que ma copine Trine [son manager] a eu un grand impact. Elle m'a aidé à devenir plus fort mentalement, à avoir du poil au menton. Je ne pense pas que j'aurais été capable de faire tout ce que j'ai fait sans elle. »  

III - Le poisson

Vingegaard a rejoint ColoQuick en 2016, à 19 ans, et a terminé l'école la même année. « À ce moment-là, il faut travailler », pose-t-il. La communauté cycliste lui a permis de trouver un emploi : « Michael Valgren et moi, on vient à peu près de la même région et on connaissait tous les deux un cycliste qui travaillait dans l'industrie de la pêche. Il a initié le contact pour voir ce qu’on pouvait faire là-bas. » « J'ai d'abord travaillé à la criée pendant près d'un an, raconte Vingegaard. Ensuite, je me suis cassé la jambe au Tour des Fjords 2017 et je n'ai pas pu travailler pendant un moment. Quand je suis revenu, j'ai commencé à travailler dans une usine de poisson. » De très bonne heure, il manipule le poisson et la glace, une scène immortalisée par les caméras danoises avant que les yeux du monde entier se tournent vers le jeune grimpeur. « J'ai travaillé dans l'usine de poisson jusqu'à l'été 2018, puis j'ai rejoint Jumbo-Visma en 2019. »  

IV - Le Tour

Après deux saisons discrètes à la découverte du World Tour, Jonas Vingegaard a imposé son talent en 2021, notamment sur le Tour de France, qu’il a terminé à la 2e place derrière Tadej Pogacar après l’abandon de son leader Primoz Roglic, blessé sur chute. Après la révélation, le Danois s’attend à de nouvelles grandes émotions à l’occasion du Grand Départ à Copenhague : « Je me souviens des Mondiaux 2011 au Danemark. C’était un grand moment de voir tous les coureurs professionnels. Et j'étais aussi là pour le Giro d'Italia [qui s’élançait de Herning en 2012]. Je me souviens de la foule qu’il y avait à ces événements. Avec la plus grande course du monde qui se déroule au Danemark, j'espère que ce sera encore plus impressionnant. » Vingegaard revient sur le Tour avec l'ambition collective de « faire de notre mieux chaque jour et viser la victoire. Je n'ai pas eu le meilleur printemps mais je suis revenu à un haut niveau pour le Critérium du Dauphiné. » Pour l’ultime répétition avant le Tour, Vingegaard a remporté la dernière étape et terminé 2e du classement général, tout près de Roglic. Peut-il être le leader pour renverser Pogacar ? « On se prépare pour que l'un d'entre nous remporte le Tour », déclare Vingegaard.

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