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Froome, version 2015

« Je la voulais tellement, cette photo… ». Chris Froome descend du podium des Champs-Elysées. Son émotion lui a serré la gorge et mouillé les yeux, au moment de prononcer quelques mots sur le respect qu'il porte au Maillot Jaune, avec l'Arc de Triomphe en arrière-plan. En achevant son périple victorieux sur le Tour 2015, le premier double vainqueur britannique illustre parfaitement la difficulté supplémentaire, exprimée par les champions de tous les sports, à rester au sommet plutôt qu'à le conquérir. Un deuxième titre, ça doit être deux fois plus dur qu'un titre ! D'ailleurs, dans les dix dernières années, aucun Maillot Jaune n'a réussi à récidiver l'année suivante. Froome a payé cher pour apprendre cette règle qui s'est appliquée à lui avec fracas en 2014, lorsqu'il a abandonné sur une double chute, poignet en vrac, devenant le premier vainqueur sortant à abandonner depuis Bernard Hinault en 1980.
 
Il lui fallait donc être encore meilleur, plus prévoyant, plus minutieux, plus chanceux qu'en 2014. Pas une mince affaire, mais l'équipe Sky avait un plan. Entourer son leader d'une bande de costauds capable de lui faire passer sans encombre la première semaine, d'abord. Avec les Ian Stannard, Geraint Thomas et Luke Rowe comme paravents roulants, Froome a pu se frayer un chemin entre les rafales de Zélande et sur les pavés de Paris-Roubaix en ayant déjà distancé de façon assez sérieuse ses rivaux annoncés du « Big Four ». Sur le terrain de la confrontation directe, il se révélait comme un redoutable puncheur intermittent au Mur de Huy, atteignant le sommet dans la roue de Joaquim Rodriguez, avec des écarts instructifs pour la suite sur Quintana et Nibali (11''), ainsi que sur Contador (18''). Et les gros moteurs de l'équipe britannique ont ensuite déployé leur puissance pour tenir tête à BMC sur le chrono par équipe de Plumelec, et préserver la supériorité de Froome sur Van Garderen, qui représentait alors la menace la plus directe (12'' au général à la première journée de repos).
 
Quintana poursuit son « rêve jaune » avec
un peu d'illusions et beaucoup d'obstination
 
Le vrai coup de force a lui aussi été préparé. Depuis plusieurs semaines, le Kenyan blanc sait où il va frapper. Sur la première étape de montagne, il exploite les six derniers kilomètres de la montée inédite à la station de la Pierre-Saint-Martin pour déposer sans discussion ses rivaux et se bâtir un avantage conséquent. Tout le monde à trois minutes ou plus ! On lui reproche presque d'avoir assommé le Tour. La suite de l'histoire montre aux donneurs de leçons que le zèle et la brutalité n'ont pas été des précautions inutiles. Car ses adversaires, certes écœurés et conscients de la supériorité de Froome n'ont pas abdiqué. La résistance ne dure pas du côté de Tejay van Garderen, à bout de forces sur l'étape de Pra-Loup. En revanche, Nairo Quintana poursuit son « rêve jaune » avec un peu d'illusions et beaucoup d'obstination. Le Colombien fait légèrement fléchir le leader de la course à La Toussuire, où il récupère 30'' et repasse sous la barre des trois minutes de retard.
 
Il ne reste plus qu'une occasion pour déshabiller celui que certains surnomment le « Robotico Britanico ». Et Quintana ne se défile pas dans la montée de l'Alpe d'Huez : cette fois-ci, l'accélération fait mal aux jambes de Froome, heureusement soutenu par Richie Porte et Wout Poels. A l'arrivée, Froome perd 1'20'' sur son challenger, mais conserve 1'12'' d'avance au général. A titre de comparaison, sa marge en 2013 sur le même rival après l'étape d'Annecy-Semnoz était de 5'03''. L'écart final entre le vainqueur et son dauphin est d'ailleurs le plus mince depuis les 58'' qui séparaient Carlos Sastre de Cadel Evans lors de l'édition 2008.

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